Comment choisir le bon entrepreneur pour votre toiture (et éviter les pièges)

C’est officiel : ce printemps, on attaque la toiture à Montréal. Notre toit plat a atteint la barre fatidique des 20 ans, et avec le climat exigeant que l’on connaît, il était grand temps d’agir. C’est une dépense colossale, d’autant plus que nous avons opté pour la membrane élastomère – un choix que je détaillerai dans un futur billet. Mais l’investissement ne s’arrête pas au matériau. Il réside surtout dans le choix de l’équipe et la qualité de l’installation. C’est pourquoi j’y ai mis les efforts : un mois et demi à décortiquer les 4 soumissions (devis) que j’ai fait faire, à vérifier les licences ou qualifications et à sonder les assurances. Si vous faites face, vous aussi, à un gros chantier structurel de ce type, j’ai compilé ma méthode pour dénicher l’entreprise idéale, celle qui vous assurera tranquillité d’esprit (espérons-le !).

1. La recherche : au-delà du simple « Google »

Avant même de parler de prix, il faut trouver des candidats sérieux. Pour un chantier d’importance comme une toiture, il vous faut une entreprise disposant des certifications appropriées.

Le bouche-à-oreille : une bonne option

C’est encore et toujours la méthode la plus fiable. Interrogez vos voisins qui ont refait leur toit récemment. Sont-ils satisfaits ? L’entrepreneur a-t-il respecté les délais ? Le chantier était-il propre ? Un client satisfait est la meilleure publicité. Attention toutefois : les bons entrepreneurs sont souvent très occupés. En matière de toiture, la satisfaction de vos contacts doit remonter à plusieurs années car il est rare que les problèmes surviennent dans la première année.

Les labels et répertoires

Si votre réseau ne donne rien, tournez-vous vers des sources fiables :

  • Au Québec : Consultez le répertoire de l’APCHQ ou celui de CAA-Québec. L’avantage avec CAA, c’est qu’ils effectuent des vérifications exhaustives et offrent un service de médiation.

  • En France : Cherchez des artisans labellisés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) ou Qualibat. Ces certifications sont des gages de compétence technique et sont souvent nécessaires pour obtenir des aides financières.

2. Vérifications cruciales : licences et assurances

Une fois que vous avez quelques noms, sortez votre loupe d’enquêteur. C’est l’étape que beaucoup sautent, et c’est souvent là que les problèmes commencent. La vérification de la solidité administrative et des assurances est non négociable.

Québec : licence RBQ et OPC

Pour refaire une toiture au Québec, la licence de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ) est obligatoire. Elle certifie la compétence et la solvabilité de l’entrepreneur (via un cautionnement). Vérifiez aussi l’outil « Se renseigner sur un commerçant » de l’OPC pour voir si l’entreprise a des plaintes au dossier.

France : la responsabilité civile décennale (le point critique)

En France, le cadre légal est très strict. La loi Spinetta oblige les entreprises à garantir pendant 10 ans les dommages pouvant compromettre la solidité de l’ouvrage. Avant de signer quoi que ce soit, vous devez exiger l’attestation d’assurance de responsabilité civile décennale de l’artisan.

C’est un point sur lequel il ne faut jamais transiger. Une entreprise sérieuse doit être couverte pour son activité. Des acteurs reconnus comme APRIL Construction proposent des offres de RC décennale sur-mesure, adaptées aussi bien aux artisans expérimentés qu’aux entreprises en création. Ces contrats sont essentiels car ils protègent le maître d’ouvrage (vous) en cas de malfaçons graves rendant le bien impropre à sa destination.

Sachez qu’une bonne couverture professionnelle, comme celles proposées par APRIL, englobe souvent bien plus que la simple décennale : elle peut inclure la responsabilité civile professionnelle (pour les dommages causés aux tiers durant le chantier), la garantie des dommages en cours de chantier, ou encore la défense et le recours en cas de litige.

3. L’art de comparer les soumissions (ou devis)

La règle d’or est de demander au moins trois soumissions (ou devis). Mais attention, ne faites pas l’erreur de simplement regarder le prix au bas de la page.

Méfiez-vous du moins-disant

C’est tentant de choisir le moins cher, mais c’est souvent un piège. Un prix drastiquement plus bas cache souvent quelque chose comme des étapes non précisées dans la soumission et qui vous seront facturées a posteriori.

Exigez la précision technique

Pour bien comparer, il faut comparer des pommes avec des pommes. Voici les points techniques précis que j’ai vérifiés sur chaque soumission concernant notre réfection de toiture en membrane élastomère qui sera faite au printemps.

  • Le sort du plancher (pontage) : la soumission prévoit-elle une inspection du bois une fois l’ancien toit arraché ? Le coût de remplacement du bois pourri (souvent au pied carré) doit être indiqué avant de commencer pour éviter les mauvaises surprises.

  • La composition des couches (le « sandwich ») : on ne pose pas juste une membrane. Assurez-vous que le devis mentionne les couches spécifiques : le pare-vapeur, les panneaux de support isolants (ex: Securpan), la sous-couche vissée ou collée, et enfin la membrane de finition (souvent blanche pour réduire les îlots de chaleur).

  • Les parapets et accessoires : c’est souvent par là que l’eau rentre ! Le devis doit inclure le recouvrement des murets (parapets) avec du contreplaqué et une membrane neuve. Vérifiez aussi que les drains sont remplacés et que les évents de plomberie sont bien isolés.

  • La gestion du chantier : le nettoyage, la chute à déchets et la protection de votre terrain et de vos biens sont-ils inclus ?

Plus c’est écrit noir sur blanc, moins il y aura de problèmes sur la « nature des travaux » en cours de route.

4. France vs Québec : comprendre les garanties

Il est important de faire une distinction sur la protection du consommateur une fois les travaux terminés, car les systèmes diffèrent grandement.

Le modèle français : la sécurité avant tout

En France, grâce à l’assurance décennale mentionnée plus haut, vous êtes couvert pendant 10 ans pour tout dommage affectant la solidité du bâtiment. C’est une obligation d’ordre public. L’artisan doit vous fournir son attestation avant l’ouverture du chantier. Vous avez aussi la garantie de parfait achèvement (1 an) et la garantie de bon fonctionnement (2 ans).

Le modèle québécois : soyez vigilants

Au Québec, pour la rénovation résidentielle, il n’y a pas d’équivalent obligatoire à la décennale française (sauf pour les maisons neuves via la GCR). Vous dépendez donc de :

  1. La garantie offerte par l’entrepreneur (souvent 10 ans pour la main-d’œuvre s’il s’agit d’une toiture).

  2. La garantie du fabricant sur les matériaux (ex: membrane Soprema garantie 20 ans).

  3. Le Code civil (garantie contre les malfaçons), mais qui nécessite souvent des recours juridiques coûteux. D’où l’importance capitale de choisir un entrepreneur ayant une excellente réputation et une santé financière solide (vérifiable au Registre des entreprises).

5. Contrat et paiements : verrouillez l’entente

Vous avez choisi votre entrepreneur couvreur ? Parfait. Maintenant, on officialise le tout.

Un contrat détaillé et un échéancier

Ne versez jamais un sou sans un contrat signé. Celui-ci doit inclure la date de début et de fin des travaux. C’est votre seule protection légale si les travaux s’éternisent.

La gestion des acomptes

La gestion des paiements est votre levier de négociation principal :

  • L’acompte : limitez l’acompte à la signature (15 % est un standard raisonnable au Québec, 30 % est fréquent en France). Si on vous demande 50 % pour « acheter les matériaux », méfiance. Une entreprise en bonne santé financière doit pouvoir avancer une partie des frais.

  • La retenue de garantie : Gardez toujours une somme finale (entre 5 % et 10 %) que vous ne verserez qu’à la réception des travaux, lorsque tout est conforme et que le chantier est propre. En France, cette retenue de 5 % est un droit légal du client (loi de 1971) et peut être consignée.

Choisir un entrepreneur pour sa toiture demande du temps et de la rigueur, mais ces efforts en valent la peine. En vérifiant les assurances (surtout la décennale en France !), les licences et en comparant intelligemment les devis, vous mettez toutes les chances de votre côté pour avoir un toit solide au-dessus de la tête, sans trous dans votre budget.

Un commentaire

  1. Merci pour cet article. Nous devons passer par là aussi sous peu. Est-ce possible de savoir quelle compagnie tu as choisie au final?

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