Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’il est plus facile et moins cher de démolir l’ancien que de le restaurer le patrimoine. En particulier, lorsqu’on se lance dans une restructuration complète de sa maison impliquant de déplacer des murs ou ajouter des cloisons, il sera vite très difficile de conserver les planchers, les boiseries ou moulures existantes. C’est ainsi que dans les anciens quartiers de nos villes québécoises, plein de boiseries antiques finissent à l’Écocentre au fur et à mesure que les gens rénovent leurs maisons. C’est un peu triste car le patrimoine québécois n’étant déjà pas très vieux, si on jette les portes antiques, arches, corbeaux, manteaux de cheminée et autres éléments architecturaux anciens, il ne restera plus rien !
Heureusement qu’il y a des gens comme Lynda et Jean, qui lors de la transformation de leur duplex (construit en 1868 !) ont tenu tête à leur architecte pour conserver et revaloriser leurs boiseries. Cela ne les a pas empêché de marier l’ancien et le moderne avec brio ! Regardez !
Des cadrages et cimaises restaurées
Les propriétaires ont eu besoin de beaucoup de patience pour récupérer tous les cadrages, cimaises, arches et autres moulures que vous voyez dans les photos teintes de couleur acajou. Ce sont les boiseries d’origine qu’ils ont décapées et teintes une à une. C’est un travail de moine ! Je le sais pour l’avoir fait chez moi aussi.
La méthode consiste à utiliser du superdécapant, laisser agir, ôter les résidus de peinture, rincer à l’eau claire puis teindre le bois une fois que celui-ci est sec. Lynda a utilisé la teinture SAMAN couleur cognac. Vous pouvez regarder à nouveau ce vidéo si vous voulez savoir comment décaper du bois.
Une colonne antique répliquée à l’identique
Dans l’entrée, il manquait une colonne suite à l’ouverture de la cage d’escalier. Avec du bois neuf, elle a été recréée sur le même modèle que les autres. Elle sera bientôt teinte.
Vous ne trouvez pas que cette arche antique du 19ème siècle a énormément de charme ? Il aurait été si dommage de tout démolir pour créer un grand espace contemporain à aire ouverte comme le souhaitait l’architecte.
Des portes antiques ajoutées
En effet, l’appartement situé au premier étage n’a pas uniquement été entièrement rénové, il a aussi été agrandi. Les deux portes que vous voyez au fond ne sont pas d’origine. Elles se trouvent dans la partie nouvellement construite de l’étage. Pourtant, on y voit que du feu.
Lynda et Jean ont en effet décidé de trouver deux portes anciennes qui s’harmoniseraient avec le reste de l’étage. Ils sont allés dans leur sous-sol où ils ont déniché ces deux vieilles portes de cuisine. L’une était trop grande et l’autre trop petite. Qu’à cela ne tienne, ils ont adapté les ouvertures en conséquence.
Plinthes reconstruites à l’identique
Toutes les plinthes au sol ont également été reconstruites à l’identique des anciennes. Et le plancher en petites lattes d’érable a aussi été choisi pour se marier avec celui d’origine.
La porte et la fenêtre blanche ainsi que leurs cadrages sont aussi des ajouts, neufs…enfin, je veux dire anciens. Qui l’aurait cru ?
Porte coulissante fabriquée avec porte antique récupérée
Dans le couloir menant aux chambres, voici une autre porte antique récupérée et montée sur un rail de porte coulissante afin de donner accès à la buanderie.
Petit détail difficile à déceler si on ne le sait pas: la porte étant trop petite, elle a été agrandie avec un bout de bois posé à sa base.
Avouez qu’il faut être motivé pour recréer dans un espace tout neuf les boiseries datant de la création de la maison, soit 1868 ! Si j’ai choisi de vous montrer ce bel exemple de rénovation, c’est peut-être pour vous inciter à conserver les éléments anciens que vous avez chez vous. Quand il n’y en aura presque plus nulle part, je vous parie que votre intérieur aura pris une valeur folle !
Quelques ressources intéressantes pour restaurer le patrimoine ancien au Québec
- Service d’aide conseil en rénovation patrimoniale
- Guide du patrimoine de la rénovation de qualité
- Cours de restauration de finition de boiseries anciennes du pâtrimoine bâti donné par les métiers d’art du Québec.
- Annuaire d’Éco Habitation
- Sodablast – entreprise qui peut décaper vos vieilles portes au jet de soda ou de sable
Pour acheter des vieilles portes, cadrages, moulures, arches, vieux foyers etc.
Vous pouvez chercher dans la rubrique matériaux des sites de petites annonces (Kijiji, Les pacs)
Pour acheter de la quincaillerie ancienne
Bonjour,
nous sommes en train de rénover une maison de 1900 et nous souhaitons réutiliser les plinthes d’origine en chêne (hautes d’une 20aine de centimètres et avec des moulures) que mon mari a patiemment retirées des murs. Nous doutons de la faisabilité de notre décision…
Premier problème: décaper les 3 couches de peinture que nous avons découvertes en faisant un premier essai. Comment procéder “facilement”, surtout que nous soupçonnons d’avoir à faire à de la peinture au plomb?
Deuxième problème: la repose. Comment procéder pour poser ce genre de plinthes sur un mur en pierre qui va être recouvert d’une couche de 12 cm de laine de verre couverte d’une couche de 4 cm de placo?
Merci pour votre aide!
superbe !
Article très intéressant et belle rénovation !
Je suis entièrement de ton avis : il est indispensable de préserver au maximum les éléments d’origine qui, non seulement racontent l’histoire de la maison, mais sont aussi les témoins de savoir-faire exceptionnels et de longues heures de travail des artisans du passé…
Je me permets de te donner le lien d’un article où j’avais exposé une technique en 5 étapes pour choisir la décoration dans une demeure historique à rénover : http://www.decoatouslesetages.fr/2017/01/04/art-nouveau-a-tous-les-etages-5-chaque-maison-a-une-histoire/
Je pense souvent à toi en ce moment en regardant les belles couleurs de l’automne qui doivent flamboyer au Québec !
Laure