L’ultime méthode de rangement et de tri chez soi et en soi

Avec un titre de blog pareil, je suis la première qui aurait immédiatement changé de page. Je me méfie en effet d’une méthode de rangement « en kit » qui est sensée en quelques conseils révolutionner et réorganiser toute notre vie. Je n’y crois pas. C’est la raison pour laquelle j’ai survolé la méthode KonMari de Marie Kondo. Je ne me sentais pas prête à sortir tout de mes placards, remercier une à une mes possessions, leur parler pour savoir si elles m’apportent de la joie, avant d’en jeter les trois quart puis rouler tous mes vêtements d’une nouvelle manière. Sa méthode est certainement excellente, je n’en doute pas, mais elle ne me rejoignait pas. Quand j’ai commencé à regarder l’émission de Marie Kondo sur Netflix, j’ai mis le doigt sur mon malaise en la voyant trouver la solution à un couple dysfonctionnel en quelques sacs poubelles jetés. En quoi ce tri matériel a t-il vraiment aidé le mari à se départir de son machisme ? Bref, les livres de rangement ne m’intéressaient que peu jusqu’à ce qu’on me recommande la lecture de « L’art de l’essentiel » de Dominique Loreau. Le sous-titre m’a tout de suite interpellé: « Jeter l’inutile et le superflu pour faire de l’espace en soi ». Vous pouvez l’acheter partout, ici en France ou ici au Québec.

Je sais qu’il s’agit du livre de chevet de plusieurs d’entre vous, notamment de la designer Flora Balandier qui me l’a conseillé depuis qu’elle base désormais sa pratique sur ces conseils. Si comme moi vous ne l’aviez pas encore découvert dans les 11 dernières années (il est sorti en 2008 et le précédent « l’art de la simplicité » en 2005), il n’est jamais trop tard, courrez l’acheter. Je vais essayer de vous résumer pourquoi il est l’ultime méthode de rangement et de tri, selon moi.

L'art de l'essentiel de Dominique Loreau

Trier pour apprendre à se connaitre et cheminer vers le bonheur

Dominique Loreau vit depuis la fin des années 70 au Japon. On retrouve comme chez Marie-Kondo de nombreux préceptes de l’art de vie et de la philosophie asiatique. D’ailleurs, pour Marie Kondo aussi, le fait de trier permet d’apprendre à se connaitre et à prendre confiance en soi. Dans la première partie de son livre, Dominique Loreau donne cependant beaucoup de profondeur à cette démarche de rangement en se basant sur la spiritualité, sur la philosophie zen japonaise. Avant de se départir de ses possessions, il faut essayer de comprendre ce que représentent pour nous certains concepts tels que le luxe ou le confort. Il faut s’interroger sur notre conception de la vieillesse et notre peur de la pauvreté, de l’ennui ou de la mort, puisque c’est souvent des raisons pour lesquelles on accumule. Sans introspection, sans tri identitaire, impossible de ranger et de se libérer.

« Avec trop on se perd, avec rien on se trouve. »

Une définition du luxe à méditer

Cette définition du luxe par Dominique Loreau est à lire et à relire chaque jour. Permettez-moi de vous la partager:

Des concepts d’art de vivre japonais à découvrir

Il y a énormément à apprendre de certains concepts zen, que je ne détaillerais pas tous ici. Dominique Loreau en évoque plusieurs dans son livre. Ils sont si différents de notre façon de penser occidentale qu’ils méritent d’être étudiés.

Le wabi-sabi: est un concept esthétique japonais qui consiste à apprécier la beauté des choses simples de la nature (Wabi) ainsi que celles travaillées par le temps et les hommes (Sabi). On apprécie les objets uniques qui ont une histoire et qui semblent traverser le temps. Ce concept peut nous guider en décoration notamment pour revenir à un intérieur plus simple et intemporel, moins uniforme et jetable.

Le kufu: l’art de faire avec les moyens du bord. Plutôt que d’acheter de nouvelles choses, apprenons à apprécier celles que nous possédons déjà et à les employer le mieux possible.

Le mujo:  est un concept zen qui signifie «l’impermanence de toute chose». Les moines zen disent mu, mu, mu : rien, rien, rien. En apprenant à ne pas s’attacher aux objets mais plutôt sur qui on est et ce que l’on fait, on peut vivre avec grâce sans rien attendre en retour.

Crédit photo: Zara Home

La méthode de rangement à retenir

Je ne rentrerai pas dans les détails sur quoi jeter, car au fond, cela est propre à chacun. Vous trouverez toutefois une liste de ménage complète ici, si cela peut vous aider.. L’auteure nous donne cependant beaucoup de trucs pour savoir quoi garder. Ce que j’ai retenu :

  • Soyez prêts à laisser aller le plus de possessions possibles, pour ne garder que les meilleures, celles qui vous représentent vous, vous procurent une aide intérieur ou un réconfort. Par cet exercice, votre style se définira.
  • Gardez et misez sur les objets ergonomiques, simples dont l’utilité et la durée de vie sont prouvés, dont le style est intemporel.
  • Ne reportez pas les choses, passez à l’acte immédiatement. Si vous avez décidé de vous débarrasser de quelque chose, faites-le sans attendre.
  • Dans l’hésitation, donnez ou jetez.
  • Commencez quelque part, maintenant. Un tiroir, un meuble, puis une pièce à la fois, à votre rythme. Mettez-y toute votre concentration comme l’enseigne d’ailleurs Marie Kondo. Allez au fond des choses, vous en ressortirez apaisé.
  • Appliquez avant tout cette attitude d’ordre à votre esprit, votre mode de vie, vos relations…
  • Refusez l’encombrement que les autres vous lèguent ou que vous lèguerez aux autres. Les successions sont un bon exemple. Donner ou recevoir des choses gratuites est aussi un piège. Ce n’est pas un cadeau.
  • N’achetez qu’après mûre réflexion et faites savoir aux autres votre nouvelle façon de voir les choses. Consommez moins, mais consommer mieux (qualité des objets, méthodes de production plus éthiques et environnementales etc…)

Bref, vous l’aurez compris, « L’art de l’essentiel » de Dominique Loreau est plus qu’une méthode de rangement, c’est une philosophie de vie. En cette époque où il nous faut trouver des solutions à la surconsommation source de destruction de l’environnement, je ne peux que vous encourager à lire ce livre. Le plus dur reste de l’appliquer car comme l’écrit Dominique Loreau il faut, avant tout, « apprendre à être heureux autrement« .

L’avez-vous lu ? Qu’avez vous le plus aimé ? Avez-vous d’autres livres à me recommander ?

Si vous voulez d’ailleurs approfondir vos reflexions sur le minimalisme, je vous invite à consulter le très beau blog de Ilaria Fatone

8 commentaires

  1. Merci Stéphanie pour cet article. C’est très bien écrit et tu donnes un trés bon résumé du livre: juste l’éssentiel! Je vais de ce pas continuer mon rangement….

  2. Ahhhh quand j’ai lu ton titre, je me suis dit: « tiens, elle en a eu ras le bol, elle a fini par faire un feu de joie dans le jardin… »
    Plus sérieusement, comme toi, la méthode Kondo m’a laissée perplexe. J’ai lâché l’affaire quand dans son bouquin elle explique qu’il faut remercier les objets dont on se sépare. Symboliquement je vois vite fait l’intérêt, la prise de conscience de l’objet. Mais lui parler… Il y a déjà les plantes et les chats pour ça !
    Tu n’es pas là première à parler de Loreau et de son approche plus adaptée à notre façon de voir la vie et les choses. A chaque fois, les citations sorties de ses livres font ses chez moi. En revanche, je n’arrive pas à me résoudre à acheter un livre… C’est con mais ça m’encombrerait plus que nécessaire !
    Merci pour ton article qui donne encore à réfléchir !
    Belle journée

    • Oui j’avoue que dans ta situation les livres ne sont pas l’idéal à trimballer partout. Certaines lectrices m’ont dit avoir trouvé les livres en pdf sur internet. Bonne réflexion et si tu le lis un jour, tu m’en donneras des nouvelles. Bises

  3. Merci Stéphanie pour cet article-analyse. C’est le petit coup de pouce qui tombe à pic au moment où je suis en réflexion profonde quant à tout ce que je « possède » qui m’alourdit.
    Je suis une adepte de la philosophie Wabi-Sabi, trouver de la beauté dans l’imperfection, mon travail photo, mes créations le démontrent. La simplicité est un but, et j’emprunte tranquillement la voie vers l’essentiel.
    Amicalement, Christina

  4. Merci Stéphanie pour ce super article que je vais de ce pas partager sur ma page FBK. Je n’ai pas lu le livre mais cette démarche me correspond bien plus que les méthodes Kondo ou Fly lady ou tout autre méthode « prêt à trier ». J’ai déjà beaucoup parlé rangement sur mon blog mais il y a encore tant à dire ! J’ai été très touchée par ce que tu dis de l’impossibilité de résoudre des blessures profondes avec un sac poubelle ! Il m’est arrivé (très peu souvent heureusement) d’être confrontée à des couples de clients dysfonctionnels et, même si mon métier m’appelle à rendre les intérieurs meilleurs, il faut en général un peu plus de 2 heures pour changer les habitudes…

  5. Wow, merci pour ce billet. Je ne me sentais pas non plus interpellée par la méthode Marie Kondo, mais cette méthode-ci me parle beaucoup. J’avais entendu parler de L’art de la simplicité, mais je ne connaissais pas L’art de l’essentiel. À lire absolument!

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