Mon écoculpabilité et inaction environnementale

Je viens de finir d’enregistrer un épisode du podcast En vert et contre tout. Sans vous dévoiler exactement nos échanges car je vous encourage à l’écouter (Apple, Spotify), j’ai envie de partager avec vous les ressources qui m’ont permis d’avancer dans ma réflexion. En effet, depuis que j’ai été invitée au rendez-vous VersO sur un panel de discussion (image ci-dessous), j’ai failli annuler ma participation. Pourquoi m’avoir invitée MOI alors que je ne me considère pas du tout comme un modèle d’écoresponsabilité ? Cela a réveillé en moi un fort sentiment d’écoculpabilité…je n’en fais clairement pas assez, voir j’ai fait de très mauvais choix dans les dernières années. Que dois-je faire alors que notre planète se meurt ?

Comment expliquer mon inaction environnementale?

Vous allez penser que je me juge bien sévèrement alors que peut-être, selon vous, je fais plusieurs gestes utiles à la planète. Il est vrai que depuis 15 ans j’ai popularisé le recyclage, la récupération, le DIY en décoration en appliquant beaucoup de ces choses chez moi. Mais toutes ces actions me font économiser, le titre de mon blog. Il est facile pour moi d’en parler, j’aime économiser et ne pas surconsommer. Parce que J’AIME le faire, c’est devenu une habitude…(voir le deuxième paragraphe sur comment intégrer une habitude éco-responsable et aimer cela).

J’ai réalisé, en revanche, que je ne fais pas les actions qui me demandent un gros effort c’est à dire renoncer à des choses que j’aime faire et qui ont pourtant le plus gros impact environnemental. Je ne fais pas ces actions alors que je fais partie des plus nantis de la société (donc j’ai la possibilité financière de le faire) et je fais partie des plus éduqués (donc on ne peut pas dire que je ne comprennes pas les enjeux). Tel que l’indique bien l’observatoire québécois des inégalités, voici où est mon plus grand impact carbone.

Source: Observatoire Québécois des Inégalités

Je vais donc vous exposer mes pires comportements et comment je réussis faussement à me justifier avec des “oui mais….”:

  • nous avons 2 vieilles voitures à essence…oui mais elles sont très petites comparées à la moyenne nord américaine et on les répare plutôt que d’en acheter des nouvelles électriques;
  • je prends l’avion plusieurs fois par année…oui mais j’ai ma famille en Europe;
  • je mange encore de la viande…oui mais on a réduit beaucoup et très rarement de la viande rouge;
  • j’ai fait construire un chalet …oui mais j’ai fait attention à plusieurs éléments moins mauvais pour l’environnement.

En vérité, inutile de me justifier, mon impact carbone sur la société est majeur et je le sais ! Ne se sentent coupables que ceux qui se sentent complices, écrivait une chroniqueuse du Devoir. J’ai même fait le test sur les pagesvertes.ca. Ma cote écoresponsable est de 50% , ce qui est vraiment mauvais (il faut en prendre et en laisser, mais ce petit questionnaire auquel j’ai répondu très honnêtement m’ouvre les yeux!).

Pourquoi ne change t-on pas ses mauvais comportements?

Alors pourquoi je n’agis pas malgré mon écoculpabilité, malgré la conscience de mon impact? Au fil de mes réflexions, j’en suis venue à prendre conscience des nombreuses interdépendances responsables de mon inaction.

  1. les biais cognitifs…..qui ne peuvent à eux-même tout expliquer

La neuroscience, entre autre, explique le phénomène de l’inaction climatique par les biais cognitifs. Nous en avons tous. Il s’agit de raccourcis que le cerveau se crée pour régler des problèmes. Les “oui mais…” décrits ci-dessus. En effet, mon cerveau interprète la réalité à MA manière. Lisez:

En plus de cela, depuis la pandémie, il me semble être moins assidue sur beaucoup de petits gestes. J’ai reculé en questionnant la pertinence de ces petits gestes.

Si vous avez une heure, écoutez la passionnante conférence “Climat, sommes nous tous biaisés”. Il est fascinant de découvrir le phénomène de l’impuissance acquise…même si j’ai tous les bons comportements, mon cerveau va développer un sentiment d’abandon.

2. L’inertie du système

Comme le souligne l’article ci-dessus et le neuroscientifique dans la conférence, nous ne pouvons être seuls tenus responsables puisque nos biais cognitifs s’inscrivent dans un système. Les gouvernements, les organisations, les grandes entreprises ont aussi à créer des conditions favorables pour nous inciter à faire les bons choix écologiques.

Par exemple: j’ai beau savoir qu’une fondation en béton pour notre chalet était le PIRE choix écologique que je pouvais faire, comment est-ce que j’aurais pu trouver une alternative quand elles ne sont pas proposées?

Comment intégrer les bonnes habitudes écoresponsables facilement et avec plaisir?

Assez avec l’autoflagellation contreproductive pour tous, il est temps de continuer les actions. Comment?

Se renseigner et réaliser que les bons gestes sont faciles à faire et agréables

Juste le fait de lire sur le sujet, de découvrir d’autres points de vue, me permet déjà d’aiguiser ma curiosité. Elle me permet de me remettre en question comme je le fais ici. Si je prends la peine de sortir de ma “bulle médiatique”, de rafraichir mon feed Facebook, Instagram ou Tik Tok, je découvre alors des média, des personnalités et des façons de faire qui peuvent m’influencer positivement.

Le plus important est que ces sources d’informations me fassent me sentir bien (attention, je ne dis pas de chercher des sources qui confirment mes biais cognitifs comme le font les climatosceptiques). Je dis qu’il faut écouter les discours encourageants sans verser non plus dans le techno optimisme (la science va tout régler). Il y a une vraie fatigue informationnelle sur le sujet de l’environnement, surtout lorsque le catastrophisme est omni-présent. Alors commençons par nous inspirer de gens qui font des petits gestes qui ont l’air motivants et agréables.

Pratiquer l’empathie en lien avec nos besoins

Et si vraiment les alternatives ne me séduisent pas du tout, que je ne trouve aucun plaisir à faire ces changements plus radicaux, je peux continuer à fouiller pour comprendre les raisons profondes de mon inaction.

Lecture TRÈS intéressante selon moi pour clarifier les liens entre émotions, besoins, (auto-)empathie et résilience

On comprend que nos stratégies répondent à nos besoins et que parfois nous confondons les stratégies et les besoins.

Si nous réussissons à avoir des stratégies éco-responsables qui répondent à nos besoins, alors la transition écologique se fait dans le plaisir et non la contrainte. CQFD !

Encourager le système global à changer en votant et, éventuellement, en s’impliquant.

Et comme nous ne sommes pas seuls à pouvoir réussir, il est important de créer les bonnes conditions autour de nous.

Voter pour des élus, des membres de conseils d’administration, des représentants syndicaux etc… qui portent la même cause de l’environnement et de la justice sociale. Évidemment voter avec son porte-monnaie en soutenant les entreprises locales dans tous les domaines.

S’impliquer pour faire bouger les choses. De l’élève qui participe au comité recyclage de son école, au prof qui éveille les consciences en faisant lire les bons livres et voir les bons documentaires, aux deux soeurs Marie-Michèle et Emy Lavigne qui ont lancé VersO, non seulement un organisme sans but lucratif mais aussi un événement, un rendez-vous dédié à l’économie circulaire qui se tiendra du 18 au 20 octobre au Centre communautaire d’Arthabaska.

On réalise que les initiatives foisonnent, il y en a partout. Le monde bouge. C’est encourageant! Si on s’enlève nos ornières catastrophistes, on remarque un grand mouvement autour de nous.

De mon côté, je vais continuer à distiller sur le blog et mes média sociaux quelques bons gestes déco et réno. De là à devenir une influenceuse éthique…je ne crois pas. Le chemin est encore long pour moi qui, en réalité, n’a pas les actes qui suivent les paroles. Je continue mon autodiagnostic et je vous tiens au courant des actions qui en émergent. Car oui, je compte bien agir !

Est-ce que vous vous reconnaissez dans mes questionnements et l’écoculpabilité ? Où en êtes vous dans votre transition écologique? L’avez-vous déjà commencée? J’espère que vous ne faites pas partie de ceux qui ont abandonné !

4 commentaires

  1. Je trouve ce billet vraiment intéressant et encourageant. Je suis également abonnée à des blogs déco américains, et je trouve effarant comment on encourage la sur-consommation. Votre questionnement est un vent de fraîcheur qui m’aide à me questionner moi-même.

    • Oh merci Monique, je suis contente que vous trouviez cela encourageant. Effectivement, la solution à la crise environnementale est juste dans nos têtes à tous ;) Merci de me lire !

  2. Bravo, c’est très honnête comme billet. Je pense qu’on est beaucoup qui sont à peu près dans la même situation et dont la réflexion ressemble vraiment beaucoup à la tienne (je peux me compter là-dedans). C’est une cause que je trouve importante en théorie, mais que je trouve difficile à mettre en pratique avec l’inflation et le coût plus élevé des produits locaux et bons pour l’environnement.

    Et parfois on se demande ce que ça donne, s’il n’y a pas de changement plus global au niveau des gouvernements et industries. C’est pourquoi j’ai aussi identifié le vote comme un moyen d’action plus déterminant — j’ai voté pour le parti vert à quelques élections, même si je ne vise pas qu’ils soient élus; c’est plutôt pour faire signe aux autres partis que c’est un enjeu à mettre dans leur agenda.

    C’est bon signe qu’on se questionne, déjà, et ça influence certainement une partie de nos actions, malgré nos excuses. :)

    • Merci pour ce premier commentaire, j’avais vraiment peur de comment ce billet serait reçu. J’en viens aussi à réaliser que le questionnement est déjà la première GRANDE action et qu’elle en entraine inévitablement d’autres. Si tu as le temps, lis les articles et conférence que j’ai listés dans ce billet. En ce qui me concerne, j’y ai trouvé de vraies réponses

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